Régulation de l’importation du riz au Mali: les producteurs s’organisent et affûtent leurs stratégies de plaidoyer

Régulation de l’importation du riz au Mali: les producteurs s’organisent et affûtent leurs stratégies de plaidoyer

23/11/2015

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Organisations Paysannes (OP) comme acteurs clefs dans une bonne gouvernance des filières rizicoles au niveau national et régional en Afrique de l’Ouest » de VECO, cofinancé par l’Union Européenne (2014-2016), diverses études ont été réalisées, notamment l’étude sur l’Impact des importations, leur saisonnalité, les dons et aides alimentaires sur la commercialisation du riz local au Mali. Selon cette étude, le Mali a fait d'énormes progrès en matière de production de riz depuis la crise alimentaire de 2007-2008 et dispose d'une grande capacité d'autosuffisance en riz (93%). Les importations de riz continuent de manière soutenue et sont largement au-dessus des besoins de la consommation locale. Cela constitue une concurrence défavorable à l'écoulement du riz produit localement.

Face à cette situation, les producteurs de riz estiment que pour protéger la production nationale, il est nécessaire que l’Etat du Mali régule l’importation de cette céréale en fonction de la production nationale et des besoins de consommation au niveau local. Ils ont réaffirmé cette position au cours de l’atelier tenu les 14 et 15 avril 2015. Différents acteurs de la filière riz étaient présents à cet atelier : des leaders paysans (venant des bassins de production de riz des régions de Kayes, Sikasso, Ségou et Mopti) ; des cadres de la PNPR (Directeur Technique et coordinateurs régionaux) ; un leader de la Coordination National des Organisations Paysannes du Mali (CNOP) ; deux membres du bureau national de l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes du Mali ; le Chargé de programme SSD VECO-WA au Mali ;le conseiller Technique Agriculture de la SNV (projet riz). Cet atelier ont permis aux participants de discuter de l’avenir de la filière riz au Mali. Ils ont surtout défini des stratégies de plaidoyer qui visent à : « amener l’Etat, à travers les décideurs publics en charge des questions commerciales et de sécurité alimentaire d’ici 2016, à prendre des mesures légales pour réguler les importations du riz en tenant compte de la production nationale de riz en vue du développement de la production agricole au Mali ».

Spécifiquement, ces stratégies consisteront à :

  • amener les décideurs à prendre des engagements de régulation des importations de riz dans le pays pendant des périodes bien déterminées en fonction des besoins de la population et de la production nationale ;
  • amener les décideurs publics à prendre des décisions fermes d’institutionnaliser les achats (institutionnels) du riz local au Mali.

Afin de garantir le succès de leurs stratégies de plaidoyer, les participants ont aussi formulé des messages clefs, répertorié des canaux de communication adaptés pour chaque message, identifié des alliés potentiels et des actions à réaliser. La mise en œuvre de ce document de stratégies de plaidoyer amènera l’Etat malien à prendre des mesures nécessaires pour réguler l’importation du riz en fonction de la production nationale couvrant déjà 93% des besoins nationaux et d’opérationnaliser l’achat institutionnel du riz local par l’Etat. La concrétisation de ces différentes actions permettra aux producteurs de riz local du Mali de rentabiliser leurs activités et d’en tirer le meilleur profit.